vendredi, mai 23, 2008

F♪te des mères à la Dabart en Haiti

Hier soir
Sous une lune bousculée par des nuages éparses
Pendant que des gouttes de pluie s'apprêtaient
A transpercer le toit en tôles d'une maison de mots à Martissant
Et qu'une senteur profonde de chocolat et de pains chauds
Séquestrait déjà toute la salle
Elles étaient plus qu'une cinquantaine de jeunes filles
Issues d'une association de femmes
Célébrant la f♪tes des mères pour les enfants des rues
A m'entendre déclamer "l'éternel poème" de Dabart
Gestes et voix confondus
On dirait que c'était de moi
Que découlait cette si divine inspiration

Des lèvres noires semblables à des caimites des champs lointains
Que déchiraient les griffes des oiseaux voraces
Chaudes comme elles seules
Me couvraient de baisers antillais
Et moi pauvre petit diseur
Conscient du travail de mon auteur
Je demandais à ce qu'on lui donne de loin ses fleurs ... son dû
Et de là elles commenÇaient par chuchoter son nom
Semblable à des hirondelles chantant suavement de leur voix douce
Pour glorifier le vert de la nature

L'ambiance était tellement poétique
Elle me portait à faire abstraction à ce petit écolier
Qui animé par l'envie de voir, de toucher ... oui d'admirer de ses yeux même
Longeait à pieds le béton enflammé du boulevard Hailé Sélassié I
Cette route menant à l'aéroport de Port-au-prince
Dansant sous la musique de la fanfare du lycée
Brulé par le chaud soleil d'un midi d'Avril
A la rencontre de Senghor
Lorsque tout frèle ce jour-là
Noir comme son ombre sous ce soleil qui le grillait
Il le saluait de ses mains toutes petites et tremblantes
Oui le poète-président qui dans la soirée de demain devait
En plein coeur de l'auditorium de l'institut franÇais d'Haiti
Déclamer à haute voix son chef d'oeuvre intitulé "femme nue, femme noire"

ô comme c'est beau lorsqu'on était dehors pour longtemps
Et qu'on apporte de la vie vraie pour les enfants
Oui, des mots qui disent vrai
Des gestes qui montrent clair
Un poème pour leur coeur.

Frantz Le beau

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