mercredi, mars 26, 2008

Si ...

Si de ta gigantesque source
Ceinturée par ce si beau arc-en-ciel
Je pouvais chaque jour remplir ma cruche d'argile
Qu'est ce qui me manquerait encore
En ce monde où tout est éphémère

Si de ce beau arc-en-ciel aux couleurs certaines
Je pouvais tirer la mienne
Pour déteindre mon coeur
Tout le monde serait mort à mes yeux
Puisque je ne penserais, je verrais,
Je ne vivrais que pour toi
Toi que je porterais en mon coeur
Comme la mère porte avec elle les douleurs de sa couche
Sur la tombe froide de son enfant

Si
En toi
Je pouvais
Vivre grandement
Les délices de mes rêves d'amour
J'irais à minuit
Grimacer ceux-là qui sont morts
Et qui n'ont pas eu cette chance
De goûter le suc de ton grand univers.

Frantz Le beau

vendredi, mars 21, 2008

Traversée périlleuse

Hier soir
On était une vingtaine
A traverser l'impasse biaisée de la vie
Une vingtaine à peu près
Filles et garÇons confondus
Et
Un vent brusque se déclenchait
Renversant nos corps froids
Basculant toutes nos pensées
Nous virant comme des toupies
Les plantes qu'on croyait fortement robustes
Pliaient en deux comme des enfants pendant la nuit d'hiver
Se tordant sous les tortures d'un drap trop court
Le chapeau que revêtait ma tête
Voltigeait comme une hirondelle
La laissant à la merci d'une pluie qui s'annonÇait timidement
Pendant que grosses pierres roulaient sur le bord de la chaussée
Pour arriver jusque vers nos pieds tremblants
Ce qui aggravait davantage nos peurs
La nuit était dure
Oui
Tout était vraiment sombre comme la mort
Et j'entendais des voix criant à toute allure
Aba ! aba ! aba ! le vent
Pourquoi veux-tu nous tuer tous
Aba ! vautour ... aba !
Mais
Moi qui autrefois
Rejoignait insouciamment leurs voix pour crier plus qu'eux
Quand connaissant que c'est grâce à lui
Que je contemple ce bleu profond de la mer
Ce bleu certain
Puisque sans son agitation
Cette dernière serait couverte de pailles et de corps inanimés
Avec tout le respect qui lui est dû
Je lui ai souri lui disant tendrement
De ma voix douce et souple
Calme-toi ... je t'en prie
Laisse-moi traverser
Mon amour.

Frantz Le beau

" Je t'aime "

En guise de l'or
D'opium
De discours sans fin
En guise de tout ...
Je te dis ce petit mot
Tout court
Tout simple
Frêle !
Tout apostrophé
Ce mot ...
Bref ... comme le temps
Celui-là qui congédiant le doute
Déclenche l'engin d'amour
Pour aboutir à la vie pleine et entière
A l'infini aux écorchures vivables
Au coeur

Je t'aime

En guise de tout
Je te le dis ... mon amour
Dans l'espoir qu'il saura
De son sel vivifiant
Te garder intacte
Vive
Et toi, et ta beauté, et tes gestes
Te perpétuer même après le mot-fiel-froid de la mort
ô même pendant que ton corps
Laisse l'enceinte de la cathédrale
Et que hurle bien fort le carillon

Oui
De sa mystique pure et rassurante
Il te ramènera au coeur même de ton sourire parfait
De tes cillements précieux
De tes courbes taquinantes
Car fait pour rendre à la reine
Ce qui lui est dû
Sa paix méritée
Sa joie intégrale
Son hymne

Et
Comme les eaux se compilent
Dans leur divine sagesse
Pour se retrouver dans le ventre large de la mer
Ainsi
D'un coeur rempli d'amour
D'un être ... enfin !
Je te le dis ... ô poétesse !
Afin que
Vie
Soit
En toi
D'éternité en éternité

Frantz Le beau

jeudi, mars 20, 2008

Arc-en-ciel/ René dépestre

Il n'y a de salut pour l'homme
Que dans un grand éblouissement
De l'homme par l'homme je l'affirme
Moi un nègre inconnu dans la foule
Moi un brin d'herbe solitaire
Et sauvage je le crie à mon siècle
Il n'y aura de joie pour l'homme
Que dans un pur rayonnement
De l'homme par l'homme un fier
Élan de l'homme vers son destin
Qui est de briller très haut
Avec l'étoile de tous les hommes
Je le crie moi que la calomnie
Au bec de lièvre a placé
Au dernier rang des bêtes de proie
Moi vers qui toujours le mensonge
Braque ses griffes empoisonnées
Moi que la médiocrité poursuit
Nuit et jour à pas de sanglier
Moi que la haine dans les rues
Du monde montre souvent du doigt
J'avance berger de mes révoltes
J'avance à grands pas de diamant
Je serre sur mon cœur blessé
Une foi si humaine que souvent
La nuit ses cris me réveillent
Comme un nouveau-né à qui il faut
Donner du lait et des chansons
Et tendrement la nuit je berce
Mon Hélène ma foi douce ma vie tombe
En eaux de printemps sur son corps
Je berce la dignité humaine
Et lui donne le rythme des pluies
Qui tombaient dans mes nuits d'enfant
J'avance porteur d'une foi
Insulaire et barbue bêcheur
D'une foi indomptable indomptée
Non un grand poème à genoux
Sur la dalle de la douleur
Mais une petite lampe haïtienne
Qui essuie en riant ses larmes
Et d'un seul coup d'ailes s'élève
Pour être à tout jamais un homme
Jusqu'aux confins du ciel debout
Et libre dans la verte innocence De tous les hommes ! Occident chrétien mon frère terrible
Mon signe de croix le voici :
Au nom de la révolte
Et de la justice
Et de la tendresse Ainsi soit-il !

La Havane, décembre 1964 - juin 1965. extrait de "Un arc-en-ciel pour l'occident chrétien"
Pour faire connaître ce magnifique poète haïtien, avec une pensée particulière pour Hassan.


Minerai noir


Quand la sueur de l'Indien se trouva brusquement tarie par le soleil
Quand la frénésie de l'or draina au marché la dernière goutte de sang indien
De sorte qu'il ne resta plus un seul Indien aux alentours des mines d'or
On se tourna vers le fleuve musculaire de l'Afrique
Pour assurer la relève du désespoir
Alors commença la ruée vers l'inépuisable
Trésorerie de la chair noire
Alors commença la bousculade échevelée
Vers le rayonnant midi du corps noir
Et toute la terre retentit du vacarme des pioches
Dans l'épaisseur du minerai noir
Et tout juste si des chimistes ne pensèrent
Au moyen d'obtenir quelque alliage précieux
Avec le métal noir tout juste si des dames ne
Rêvèrent d'une batterie de cuisine
En nègre du Sénégal d'un service à thé
En massif négrillon des Antilles
Tout juste si quelque curé
Ne promit à sa paroisse
Une cloche coulée dans la sonorité du sang noir
Ou encore si un brave Père Noël ne songea
Pour sa visite annuelle
À des petits soldats de plomb noir
Ou si quelque vaillant capitaine
Ne tailla son épée dans l'ébène minéral
Toute la terre retentit de la secousse des foreuses
Dans les entrailles de ma race
Dans le gisement musculaire de l'homme noir
Voilà de nombreux siècles que dure l'extraction
Des merveilles de cette race
Ô couches métalliques de mon peuple
Minerai inépuisable de rosée humaine
Combien de pirates ont exploré de leurs armes
Les profondeurs obscures de ta chair
Combien de flibustiers se sont frayé leur chemin
À travers la riche végétation des clartés de ton corps
Jonchant tes années de tiges mortes
Et de flaques de larmes
Peuple dévalisé peuple de fond en comble retourné
Comme une terre en labours
Peuple défriché pour l'enrichissement
Des grandes foires du monde
Mûris ton grisou dans le secret de ta nuit corporelle
Nul n'osera plus couler des canons et des pièces d'or
Dans le noir métal de ta colère en crues.


René Depestre (1956)



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In poétiquement vôtre.

mardi, mars 18, 2008

Je me confesse ... amour

Des cendres froides de ma honte
Je reviens mon amour
Car raison tu l'as bien
Rien d'amour au dehors
Ne pouvant tout porter
Pour prouver mes déboires
Je remets dans tes paumes
Ce coeur tout refroidi
Dans l'espoir que mon sort
Connaitra ta pitié
Me voici ma chérie
Pour mon absolution
Tu es bien l'ultime pôle
Pour ce moi trop bohème
Un sein bourré de lait
Pour ce gourmant déÇu
Tu es la voix sincère
Qui se répand aux sourds
La délivrance certaine
Pour des gamins troublés
Je viens me confesser
Sous l'ombre de ta chaude robe
Afins que mes lendemains
Me soient plus souriants
Dis-moi encore tes mots
Qui me berÇaient jadis
Ces teintes qui sans couleur
Colorent l'amour en rose
Je veux que tu oublies
Ce simple malentendu
Ce tout petit de rien
Qui pense troubler l'amour

Frantz Le beau

lundi, mars 17, 2008

Tu as raison

Des cendres froids de ma honte
Je reviens mon amour
Car raison tu l'as bien
Rien d'amour au dehors
Ne pouvant tout porter
Pour prouver mes déboires
Je remets sous tes feux
Ce coeur endolori
Dans l'espoir que ta paix
Saura bien lui donner
L'aliment nécessaire
Pour son refonctionnement
Tu es bien l'ultime pôle
Pour les soleils bohèmes
Un sein bourré de lait
Pour les gourmants trahis
Je viens tout confesser
Pour recouvrer mon âme
Afins que mes lendemains
Me soient plus souriants
Dis-moi encore tes mots
Qui me berÇaient jadis
Ces ors qui sans couleurs
Colorent l'amour en rose
Je veux que tu oublies
Ces heures longtemps passées
Ce tout petit de rien
Qui pense troubler l'amour

Frantz Le beau

dimanche, mars 16, 2008

J'attends ...

Par la fenêtre
Belle lurette je me tiens
Attendant ton retour
Parce que
Quelqu'un me disait tout à l'heure
Que tu étais passée
Emportant avec toi
Et le soleil qui souriait
Et les roses qui respiraient
Et les oiseaux qui chantonnaient
J'attends juste pour voir
Comment sera ma nuit
Quand je sais qu'un simple cillement de ta part
Suffit pour faire accéder
Au ciel le plus profond des cieux
J'attends à que ce ma vie change complètement
A l'aide d'un sourire
Provenant de ton coeur radieux.

Frantz Le beau