jeudi, octobre 05, 2006

Port-au-Prince I

Oh ! un reflet
Un reflet sur le mur
Un mur tout fissuré
Une fissure grossière
Une grossièreté amère
Une amertume foncée
Dans un désert de plombs
De plombs abandonnés
Ça et là sur le toit scindé, souillé
Barricadé par des clous crochus
Un toit flagellé, estropié... bridé...
De chefs irresponsables et flous
D'enfants effondrés sous des drogues trop dures
De marchandes aux étagères vides
De visages plissés sous un cynisme athé
De bras tordus sous le poids des livres expires
De cadavres niés sous des rafales ourdies
De mains salées par la sueur boueuse des corridors
D'âmes éffritées par l'exaspération outrancière
De dentures jaunies par le ganja cristalisé
De jeunes édentés par la faim terrifiante
De cuisses livrées sous des matins foutus
De tons endurcis par des scènes odieuses
D'usurpateurs et leurs allées interminables
De vins falsifiés à la croisée des yeux
De mornes livres à la bidonvillisation
De coeurs agonisant dans l'infini oubli
De gangs rivés à l'extrême paranoia ...
De loups-atteints-de rage ...
Le noir obscur !
Un cri perdu déjà
Dans l'espace horrible
SoupÇonné du hasard
Semblable a celui
Des coeurs abandonnés
Sur le carcasme des muses défoncées
Par le rythme plaintif
Des rimes humiliées ...
ô combien envenimées
Par le spectre éffrayant
Des pneus enflammés
Erigés de toutes parts
Et sale, touffue, intempestive ... sinistre ...
Cette fumée qui m'arrive de loin
Sautant comme une chauve-souris
Sous l'ombre fiévreuse de sa laideur
Hideuse, mafieuse ... menacante ...
Ses ongles démesurées
Et, l'ancienne cathédrale.

LE BEAU, FRANTZ
TOUS DROITS RESERVES, AVRIL 2006, BOSTON

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